Comme chaque année, Henri Dagorn, ancien chef d’exploitation du lycée de Kerplouz, est venu partager son expérience sur l’année en cours.
La première partie de la conférence a donné lieu à de multiples échanges sur le bilan de l’année 2023 au potager et au verger.
La deuxième partie s’adresse plus particulièrement aux personnes qui commencent leur production de légumes. Un plan est joint au résumé.
Potager et arboriculture fruitière - Bilan de la saison 2023
Bilan de la saison 2023
Les légumes.
Pour le bilan des cultures au potager et les résultats pour la saison 2023, je considère que globalement, c’est une bonne année qui s’achève avec des conditions météorologiques plutôt bonnes. Nous avons passé une période printanière sèche jusqu’en début juin. Cette période a eu pour effet une baisse de rendement sur les pommes de terre par exemple.
En juin, après une petite période pluvieuse, les sols ont favorisé la bonne croissance des semis printaniers. Les semis des poireaux ont été réussis et la mise en culture est prometteuse. Quelques attaques de la teigne du poireau sont observables en ce moment. Dans les potagers où ce parasite est présent il faut, comme pour les carottes, recouvrir la planche d’un voile de protection.
Pour l’ensemble des plantes de la famille des cucurbitacées, les résultats sont bons surtout pour les courgettes. La baisse de végétation en août a eu pour effet des calibrages en dessous des moyennes habituelles surtout pour les potimarrons et les butternuts.
Les oignons ont eu un bon rendement, mais les échalotes sont de calibre inférieur à la moyenne. Pour ceux qui arrosent les alliacées, les résultats sont satisfaisants.
En conclusion, la saison 2023 n’a pas été trop dure pour les jardiniers puisqu’il n’y a pas eu de véritable canicule en Bretagne sud. Néanmoins les quelques journées très chaudes dépassant les 32 °C ont provoqué de l’évapotranspiration importante. Dans certains sols la réserve utile (R.U.) n’était plus suffisante pour assurer les apports en eau aux plantes. Les stress hydriques ont été constatés ainsi que des baisses de rendement. La gestion de l’eau est un souci permanent pour le jardinier. Il est donc important de prévoir un maximum de moyens pour avoir des réserves en eau. Cibler 5 m³ de réserve n’est pas absurde pour un potager de 100 m².
Fraisiers et petits fruits.
Les fraisiers ont produit abondamment au printemps et pour les variétés remontantes la récolte automnale est correcte mais avec moins de saveur.
Pour les petits fruits, cassissiers, framboisiers, groseilliers, la pollinisation n’a pas été perturbée par des gelées tardives. Ainsi les récoltes étaient normales avec une maturité rapide du fait du fort ensoleillement printanier.
Pommiers et Poiriers.
Certaines variétés de pommier n’avaient pas une fructification normale. J’ai observé que les variétés à floraison intermédiaire et tardive n’étaient pas chargées en fruits. Une explication serait d’accuser le temps de floraison courte avec des conditions météorologiques sèches qui auraient perturbé la pollinisation. Les insectes pollinisateurs n’ont peut-être pas travaillé dans les meilleures conditions et délaissé certaines fleurs.
Pour les poiriers, la nouaison était certainement meilleure : la nouaison est la phase initiale de la formation du fruit, c’est le moment où l’ovaire de la fleur se transforme en fruit après la fécondation.
Pour les arbres fruitiers à noyaux, la fructification en dessous de moyennes habituelles trouve ses origines dans les mêmes facteurs climatiques que précédemment. Les pêches ont mis du temps pour atteindre la maturité et leur durée de conservation était courte.
A ce jour, la conservation des variétés de pommes et de poires de garde n’est pas satisfaisante. Le carpocapse des pommes et des poires est un insecte de l’ordre des lépidoptères de la famille des torticidés, dont la larve se développe à l’intérieur du fruit. Lutte : pulvérisation sur les feuilles d’un produit à base de Bacillus thuringiensis (souche Kurstaki) pour détruire les chenilles qui l’ingèrent.
Nous pouvons aussi favoriser l’installation des prédateurs du carpocapse, les oiseaux insectivores comme les mésanges se nourrissent des chenilles. Durant l’hiver, les troncs des arbres dont les fruits sont souvent attaqués peuvent être enduits de produits à base de chaux ou d’huile qui détruisent les cocons.
Cette année, les maladies de conservation des pommes et des poires sont agressives. La gloeosporiose (nécrose brune) s’est installée très rapidement sur les fruits. La raison principale serait liée à la pluviométrie de la fin de l’été qui a favorisé le grossissement des fruits. C’était plus agréable de constater que l’arrière saison favorisait un rattrapage des calibres après un très fort ensoleillement durant quelques journées de canicule. J’ai constaté sur certaines variétés quelques fruits à l’épiderme cuit (reinette clocharde), cette « blessure » a certainement rendu la conservation plus sensible aux champignons provoquant les pourritures.
J’ai aussi observé quelques fruits avec des parties spongieuses dans la partie charnue, c’est le « Bitter put » qui est la manifestation d’une carence en calcium, qui ne permet pas l’absorption du potassium et du magnésium (chélate de zinc).
Les fondamentaux pour un potager productif pour 4 personnes
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Les fondamentaux pour un potager productif pour quatre personnes.
Pour ceux qui commencent leur production de légumes, je vais vous présenter les points essentiels pour la création d’un potager.
Comme je l’ai déjà sous-entendu précédemment, vous n’avez pas toujours suffisamment de temps pour conduire un potager suivant que vous êtes actif ou retraité. C’est pour cette raison qu’il faut se poser les bonnes questions :
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Quelle taille est idéale pour débuter un premier potager ?
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Quelles variétés de légumes choisir ?
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Combien de plants y mettre pour nourrir la famille sans gaspiller ?
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Quelles méthodes seront les mieux adaptées à ma disponibilité et mes connaissances techniques ?.
L’emplacement :
La culture de légumes se fait obligatoirement en plein soleil, loin des racines des arbres et haies. Nb : toutefois, une haie coté nord-ouest du potager peut-être un avantage si votre jardin est exposé au vent. Gardez-vous une allée entre la haie et les premières planches de vos cultures…
Dimension
Un jardin potager peut prendre des formes différentes selon la parcelle. Un potager rectangulaire ou carré est plus facile à intégrer à la plupart des terrains. Pour débuter, une superficie d’environ 32 mètres carrés, soit 4 m sur 8 m, est suffisante pour cultiver presque tous les légumes dont se nourrit une famille de quatre personnes à partir de la fin du printemps jusqu’à l’automne. Il va de soi que vous ne mettrez pas en culture des pommes de terre gourmandes en surface…
Les légumes faciles à cultiver :
Si vous êtes à vos premières expériences, optez pour la culture de bette ou carde, de l’épinard, du Kale (chou frisé) et de la laitue.
Les légumes racines comme les radis, les carottes et les betteraves, ainsi que les pois et les haricots nains ou grimpants fournissent d’excellentes récoltes et demandent peu de soins.
Pour la période estivale, vous conviendrez de cultiver quelques pieds de courgettes et de tomates. Il faudra choisir des variétés peu sensibles aux maladies. (pourriture grise, mildiou et oïdium principalement).
Produire des aubergines et des poivrons n’est pas impossible mais c’est un peu plus exigeant en soins. Le basilic et la coriandre sont deux plantes condimentaires assez capricieuses en début de culture mais d’autres plantes se cultivent aisément en compagnie de la plupart des légumes : (thym, romarin, sauge officinale, thym-citron, ciboulette, persil frisé et l’estragon).
Pour ceux qui envisagent de créer un potager pour 4 personnes avec des « légumes de garde ».
Avec un potager d’une superficie de 80 à 100 mètres carrés pour produire des légumes racines, feuilles et fruits ainsi que des légumes vivaces, le travail sera plus conséquent mais vous pourrez envisager quelques conserves ou congélations.
* -Consulter le plan type remis en pièce jointe.
Cet exemple de potager peut-être mis en culture toute l’année et pas seulement au printemps. Toutes les périodes de l’année (selon météo) sont possibles pour démarrer un potager en prenant soin de choisir les légumes adaptés à la saison.
Quels légumes choisir pour démarrer un potager ?
– Des légumes pérennes qui repoussent tous les ans (artichauts, rhubarbes, oseille).
– Des petits fruits (groseilliers, cassissiers, framboisiers, fraisiers).
– Des légumes-feuilles (laitues, chicorées, épinards, mâches, bettes).
– Des légumes-fruits (aubergines, poivrons, tomates, melons, concombres, courgettes, potimarrons, butternuts).
– Des légumes-graines (pois, haricots).
– Des plantes aromatiques (thym, sarriette, romarin, persil, basilic).
– Des fleurs utiles pour le potager, agréables à regarder et qui participent au développement des insectes auxiliaires. Vous aurez également le loisir de confectionner de beaux bouquets de saison.
Comment créer des associations positives dans son potager ?
Dans le potager on cherchera à tenir compte des bonnes associations ; c’est à dire, planter et semer des légumes qui s’apprécient. Sur les parcelles, les légumes évoluent selon les mois et les années afin de respecter une ROTATION de culture. L’objectif étant de récolter des légumes sans utiliser le moindre pesticide. Le sol sera enrichi avec des produits naturels et plus particulièrement du compost bien dosé selon les légumes. Les engrais verts seront semés en automne sur les parcelles libérées.
Associations possibles et intérêts :
Basilic : repousse les parasites et stimule la croissance des tomates.
Capucine : attire les pucerons, ainsi les plants de légumes sont moins parasités.
Tomate : repousse la mouche de la carotte et la carotte éloigne les pucerons de la tomate. La tomate fait fuir la teigne du poireau. Toutefois, pour réussir la culture des carottes il est pratiquement indispensable de protéger la planche avec un voile anti-insectes.
Œillet d’Inde : il fortifie la croissance des pieds de tomates en retenant les nématodes prédateurs des tomates.
Mauvaises associations : les pieds de tomates ne supportent pas les cornichons, le concombre, les pois et la pomme de terre.
Ennemis des poireaux : betterave rouge, haricot, chou, pois.
Amis des carottes : l’ail, il éloigne la mouche de la carotte, ciboulette, échalote, haricot, laitue, oignon et poireau.
Amis du haricot : aubergine, carotte, chou, concombre, épinard (le haricot apporte de l’azote au pied des épinards).
Ennemis du haricot : l’ail (le haricot produit de l’azote fatal à l’ail), betterave, échalote, oignon, tomate.
Comment économiser l’eau d’arrosage sur son potager ?
Le sol paillé pour éviter l’évaporation est la solution la plus économique. Pour cela, vous pourrez recouvrir le sol d’une bonne couche de feuilles sèches, des tontes de vos gazons ou de paille de céréales selon vos possibilités d’approvisionnement.
Au début de l’installation de votre potager, vous devrez procéder à une analyse physico-chimique de la terre pour connaître votre sol. Le taux d’humus dans le sol est un élément important pour entreprendre de bonnes cultures. Une bonne terre est drainante même après une pluie battante. Sa couleur est foncée car elle contient de l’humus. Selon les résultats de l’analyse de terre, vous devrez procéder à un apport important de matière organique (fumier). Lors de l’analyse, il est demandé de donner l’historique du sol et de préciser les cultures envisagées. Il vous sera proposé un plan d’amendement et de fertilisation avec les quantités à apporter.
En considérant toutes ces informations, je fais presque référence à des notions de permaculture :
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Jamais de labour.
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Apporter des nutriments régulièrement par le paillage et des déchets verts ; «rien ne se perd, tout se transforme».
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Laisser vivre le sol et sa biodiversité qui, ainsi respecté, est en bien meilleure santé.
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Limiter les dépenses d’énergie, notamment humaine si retournement du sol pour le labour.
Quelques chiffres pour estimer la quantité à cultiver pour une famille de 4 personnes :
En France, une personne consomme environ 127 kg de légumes par an.
Il faut se poser quelques questions !
* Quelle est ma consommation de légumes par semaine ?
* Quels types de légumes ? Racines ?
* Quels sont ceux que je mange beaucoup ? Ceux que je mange moins ?
* Est-ce qu’en hiver je cuisine le chou ? Les courges ? Je fais des soupes ?
* Est-ce qu’en été je me régale avec la salade ? Les tomates ? Ou les courgettes ?
L’objectif est de vous questionner en famille sur votre alimentation globale à l’année. Les réponses que vous donnerez vous guideront pour savoir quoi planter et en quelle quantité.
Voici quelques « estimations » de quantité à prévoir pour l’autosuffisance pour 4 personnes…
– Artichaut, plus ou moins 5 plants,
– Aubergine 5 plants, rendement 3 à 5 kg,
– Courgette 3 plants, 3m2, rendement 20 à 50 kg selon les variétés,
– Haricot un sachet de 60 graines (hors cultures pour conserves), (32 plants m² = 4 à 8 kg),
– Pois 150 graines 2 m² 4 à 8 kg de rendement,
– Ail 48 plants 2 m², rendement 48 têtes,
– Échalote 40 plants 2 m², 40 touffes,
– Oignon, 200 plants 6 m², rendement 200 oignons,
– Carottes 200 plants 2 m², rendement 10 à 20 kg,
– Concombre 4 plants 2 m2, rendement 5à 10 kg,
– Potimarron et butternut 5 plants 10m2, rendement 20 à 100 kg,
– Tomate 12 plants 6 m², rendement de 80 à 200 kg,
– Pomme de terre 50 plants 12 m², rendement 100 kg,
– Laitue 40 plants 3 m², rendement 8 à 16 kg,
– Épinard 60 plants 4 m², rendement 15 kg.
Nous prendrons l’exemple du jardin rectiligne de 16 parcelles en analysant les avantages et les inconvénients de celui-ci.
Pour cet exemple du potager à 16 parcelles de 5 m de longueur sur 1,20 m nous aurons 96 m² de surface utile. Globalement en comptant l’emprise d’une haie au nord et à l’ouest de la parcelle ainsi que des allées en périphérie et entre les planches vous devrez implanter votre potager sur 300 m² au minimum. Pour rationaliser le travail, un abri de stockage du matériel avec une toiture et un récupérateur d’eau sera envisagé ! Pour les déchets organiques, deux silos de compostage seront installés dans un endroit facile d’accès.
Une allée centrale simplifiant la circulation est préférable. Un point d’arrivée de l’eau est à enterrer avant l’implantation. La zone du point d’eau sera drainée et empierrée afin d’éviter les ornières.
La dimension standard des allées est adaptée à l’installation de voile de protection, de palissage en ligne ou de tunnel nantais.
L’utilisation de la grelinette pour une parcelle de 6 m² ne demande pas trop d’effort et pour certains ce sera simplifié en utilisant une motobineuse par un travail en ligne.
Par souci de propreté et afin de lutter contre des mauvaises herbes, l’ensemble des allées peuvent êtres semées en gazon en choisissant un mélange de graines pour zone à forte fréquentation.
L’esthétique n’a pas d’importance, en semant un mélange à fort pourcentage de fétuques élevées, ce sera un gazon rude mais résistant. Des tontes régulières permettront de maintenir le potager propre et peu encombré…
Quelques beaux jardins circulaires existent et sont agréables à observer, peut-être un peu moins facile à entretenir. Les cultures sont difficiles à protéger avec les voiles de protection, tunnels nantais ainsi que les palissages qui seront individuels et non suspendus.
Dans l’exemple proposé, il n’y a pas de place pour des arbres fruitiers. Plusieurs options sont envisageables :
– 1- Installer une clôture en dur sur les côtés ouest et nord du potager et installer des arbres fruitiers palissés afin de gagner de la place. Nb : la conduite d’arbres fruitiers palissés demande beaucoup d’entretien mais donne de bons résultats.
– 2 – Installer les arbres fruitiers sur une parcelle dédiée afin de ne pas avoir de déboires après quelques années d’implantation. Les arbres fruitiers sont demandeurs en fertilisation et consomment beaucoup d’eau et sont directement en concurrence avec les légumes qui seraient cultivés en dessous.
Peu importe la manière choisie pour installer le potager, voici les points importants qu’il faudra respecter afin de garder en mémoire les rotations des cultures et les interventions réalisées durant chaque saison.
1 – Chaque année vous devez garder en mémoire, en faisant un plan des parcelles, toutes les cultures réalisées dans chaque parcelle. Vous en aurez besoin en janvier au moment de reconduire les cultures afin de respecter les rotations.
2 – Notez toutes les interventions sur un agenda spécifique.
– N° de la parcelle, avec les fertilisations, les amendements, les engrais verts qui ont été apportés.
– Les dates des semis, les dates de repiquages.
– Les soins divers (tuteurage, pincement etc …).
– La présence ou non de parasites avec le mode de lutte engagé et les résultats observés.
– Noter également les aléas climatiques : gelée, grêle, pluie, fortes températures, orage… certaines maladies sont propices à se développer durant une période chaude et humide.
– Bien identifier les variétés que vous cultivez d’une année à l’autre surtout si vous optez de garder vos graines. Le choix des graines est très important pour la réussite de vos cultures. N’hésitez pas à demander des conseils auprès des maraîchers bio de vos secteurs afin d’avoir de bons conseils et d’acheter des jeunes plants avec eux.
Suivant l’organisation de votre propriété, une réflexion sur la récupération de l’eau de pluie de votre maison est à considérer. Dans ce cas, enterrer une cuve de 5000 litres peut être un choix judicieux et économiquement rentable. L’installation d’une pompe et d’un réseau d’irrigation a un coût certes mais rentable à moyen et long terme. D’autres installations plus simples et d’un moindre coût existent en utilisant des cuves pour la récupération d’eau.
Enfin, sachez que pour un potager de 100 m² de surface utile vous devrez compter entre 300 et 400 heures de présence pour conduire correctement votre potager. En considérant qu’il y a 10 mois par an où il faut être présent, cela revient à dire qu’il faut être au moins 8 heures par semaine au jardin.
Information à joindre au plan d’organisation d’un potager d’environ
300 m² de forme rectiligne
N° identification des genres
– 1 – Framboisiers
– 2 – Fraisiers
– 3 – Pomme de terre (2 rangs)
– 4 – Navet, Pois, Radis, Panais
– 5 – Haricots verts
– 6 – Carottes, choux
– 7 – Poireaux
– 8 – Épinards et laitues diverses
– 9 – Groseilliers, Cassissiers
– 10 – Potimarron, Butternut
– 11 – Échalotes
– 12 – Oignons et Aux
– 13 – Rhubarbe, Artichauts et fleurs de saison
– 14 – Tomates + Basilic et œillets d’Inde
– 15 – Aubergines, Poivrons, Thyms et autres aromatiques
– 16 – Courgettes, Concombres.