Professeur d’Université, ancien membre du GIEC, ancien administrateur de Clim’actions, Laurent Labeyrie est actuellement membre du “Haut Conseil Breton pour le Climat” créé avec le soutien de la région Bretagne.
Sur le changement climatique, Laurent Labeyrie nous a présenté des chiffres implacables, des évolutions inexorables, une accélération du phénomène. Le constat est sans appel. La température moyenne en France a déjà augmenté de 2°C. A terme, la France pourrait passer d’un climat frais et humide à un climat chaud et sec. Quoi qu’on fasse aujourd’hui, la température aura augmenté de 4°C en France en 2050, + 3°C dans le Monde ! (Les accords de Paris prévoyaient une augmentation de 3 à 4°C mais seulement en 2100). Le niveau des mers va augmenter de 50 cm en 30 ans, 1 m en 100 ans. Et ce réchauffement ne s’explique pas par des fluctuations naturelles (Le climat a peu varié —sans tendance— depuis un million d’années).
En France, les orages dus au contact entre une masse d’air chaud et une masse d’air froid, en altitude ou bien en latitude (descente d’air froid du Groenland ou bien remontée d’air chaud équatorial) vont devenir plus fréquents.
Les extrêmes importent plus que les moyennes : en Bretagne, la sécheresse ne se voit pas sur la moyenne annuelle, mais sur la période estivale. Il manque d’eau en été dans le Morbihan !
Des références sur le climat :
Bulletin National de la Situation Hydrologique
Des sites internet : « notre environnement », climadiag commune, Drias, climat HD…
L’homme :
Laurent Labeyrie développe un discours non moralisateur, mais responsable humaniste, et pas tellement fataliste : il ne culpabilise personne : « C’est la vie ! On fait ce qu’on peut ».
Face à l’immigration climatique : « aider les gens à rester chez eux »… Sa critique va aux Politiques : « les Politiques en savent pas assez ce qu’est l’homme… » (ce qu’est le déterminisme chez l’homme à chercher d’abord son bien-être, et ce qu’est le caractère inéluctable des migrations vers un meilleur climat).
L’enjeu : s’adapter, « construire un monde nouveau dans lequel on puisse être heureux » (sic).
Responsabiliser : « On a besoin des éoliennes pour vivre, pour vivre bien » !
Et les plantes ? :
Les plantes vont être exposées au changement de température, au stress hydrique, aux parasites, à la destruction des sols… Quelques exemples :
Le chêne migre vers le Nord à la vitesse de 1km/an (merci aux écureuils !).
La date des vendanges en Bourgogne est passée du 1er octobre au 1er septembre …
L’eau est critique pour les plantes en été : donc, il faut « méditerranéiser nos plantes. Mais en prenant garde à leur origine (par exemple introduire en Bretagne des oliviers de Nyons – Drôme – plutôt que d’Andalousie).
Sauges… : succès garanti, avec un scoop « « les sauges ont besoin des colibris pour se reproduire ».
La question des sols :
Les sols jouent un rôle crucial dans la rétention de l’eau. Grâce en particulier à la matière organique de surface. Mais cette rétention n’est effective qu’en présence de certains types d’argiles (montmorillonites…). Or la Bretagne ne dispose pas de ces argiles d’origine volcanique. La Bretagne est donc sensible à l’érosion des sols : «nos sols sont pauvres». D’où la nécessité de les garder couverts (couvre-sols). La matière organique étant lessivée, devra être réintroduite régulièrement (compost…).
Techniques de reconstitution du sol (Permaculture). La seule source naturelle de matière organique, ce sont les forêts. Ne pas trop travailler les sols afin que les racines aillent chercher les minéraux plus profondément.
Manque d’eau en été, trop d’eau en hiver… : drainer.
Et les animaux ? :
Les animaux à sang froid ont un métabolisme qui augmente avec la température. Si la ressource trophique ne suit pas, ils sont mis à mal (Crabe du Pacifique…).
Que pouvons-nous faire ? :
S’adapter en matière de santé, d’économie, d’agriculture, d’industrie…
S’agissant des inondations, à l’échelle individuelle : pas de prise électrique près du sol…et pour faciliter l’écoulement des eaux, ne pas faire barrage avec des planches qui flottent.
Collectivement : Cadre de vie, espaces naturels…énergies renouvelables
Plantes adaptées : par exemple le chêne sessile, l’amandier, certaines plantes ornementales (sauge, myrte…). Pas forcément les variétés anciennes (de pommiers par exemple). Délaisser cyprès, charmes, chênes pédonculés ; moins de pelouse…
Ombrage, biodiversité, Agroforesterie, plans d’eau, potagers…Retenues collinaires là où elles ne risquent pas de concurrencer la nappe phréatique (en Bretagne par exemple où il n’y a quasiment pas de nappe phréatique)
A l’attention de ceux qui auraient manqué la conférence de L. Labeyrie et qui pourraient se fier à mes notes.
Joseph Mazurie