conférence de Jean-Marc Guenver, 24 mai 2014
texte de Bertrand Leroy
M. Guenver possède un verger d’essai planté il y a 25 ans à Poullaouen, dans les environs de Carhaix (29), les Pépinières du Stivel, qui compte 33 variétés de noisetiers, dont 10 sont commercialisées.
Le noisetier commun (corylus avellana) est une essence de lumière qui n’aime pas les vents violents, surtout les vents marins. Il est autostérile et la présence de plusieurs espèces est nécessaire à sa pollinisation.
Les espèces les plus cultivées en France sont les suivantes:
– Merveille de Bollwiller et Gunslebert, espèces d’origine alsacienne,
– Longue d’Espagne,
– Hybride de Bordeaux,
– Corabel,
– Ennis, Butler et Hybride d’Oregon, variétés d’origine américaine.
M. Guenver produit surtout des Butlers et des Longues d’Espagne, qui sont les meilleures au goût.
La reproduction du noisetier est malaisée. En effet, les fleurs masculines (chatons) et féminines (glomérules) sont séparées, n’ont pas les mêmes durées de vie et n’obéissent pas au même calendrier : dans 80% des cas, les fleurs mâles parviennent à maturité avant les fleurs femelles et dans 10% seulement des cas, les dates de maturité coïncident.
De surcroît, la floraison et la pollinisation interviennent en janvier -février, sans l’aide des insectes. Il faut donc compter sur une pollinisation croisée, effectuée par le vent, entre fleurs d’arbres appartenant à des espèces différentes.
Puis, la fécondation intervient en avril ou mai avec l’augmentation de la température ; en l’absence de chaleur, la fécondation échouera et la noisette sera vide.
Dans un verger, le noisetier, qui se développe naturellement en cépée, est conduit en arbre en supprimant systématiquement les racines des gourmands pendant les premières années. On lui donne 3 branches charpentières et 8 sous -charpentières et sa taille de formation vise à favoriser la pénétration de la lumière dans la ramure. Sa production de fruits atteint 5 à 6 kg.
Aux Pépinières de Stivel, les arbres sont plantés sur des rangs espacés de 5 m et chaque noisetier est distant de 2,5 m de ses voisins. Cela conduit à une densité de 700 à 800 pieds par hectare sur un espace qui doit être parfaitement plat afin de ramasser facilement les fruits que l’on fait tomber au sol.
Il est indispensable d’éliminer l’herbe au pied des noisetiers, qui ont besoin de beaucoup d’eau toute l’année (1000 mm), en particulier en juillet-août. A cette fin, on dispose une bâche tissée sous les arbres. De plus, il convient d’installer entre les rangs une herbe qui pousse peu et boit peu. Chez M. Guenver, après 20 ans d’exploitation, seuls des primevères poussent encore dans le verger.
Le puceron vert et le balanin sont les principaux ennemis du noisetier. Le balanin est un ver qui mange l’intérieur de la noisette, laquelle finit par tomber au sol ; le balanin sort alors de la noisette en perçant la coque. Les fruits véreux sont ramassés et brûlés en août.
Chaque année, 3 à 4 traitements insecticides et fongicides sont nécessaires.
Enfin, la multiplication du noisetier se fait par marcottage en butte : on forme une butte au-dessus de la touffe et l’on attend que les rameaux prennent racine.