Les bases du jardinage : “Les travaux du sol avant la mise en place des cultures au potager” par Henri Dagorn. Conférence du 25 janvier 2020
Les travaux du sol avant la mise en place des cultures au potager.
Lorsque l’on a la chance d’avoir un grand jardin potager, l’inconvénient majeur, c’est de prendre ses aises et couvrir une trop grande surface. Au final, il faut courir d’un bout à l’autre et parfois mettre en culture des espaces loin de la maison, loin du soleil (sous des arbres fruitiers par exemple) et loin de l’eau. L’expérience me montre qu’il faut concentrer ses activités potagères dans un espace à l’échelle du jardinier et de son aptitude manuelle. Pour produire des légumes d’une manière optimale, il faut choisir la partie du terrain la mieux exposée, celle dont on va pouvoir s’occuper sereinement. Il ne sert à rien de se perdre dans de la culture extensive.
Si vous avez de nombreuses années de salariat à assumer avant de pouvoir aller au jardin quand vous voulez. Vous ne pouvez pas y travailler quand il faut, or pour produire des légumes, il faut se donner le temps de le faire correctement. Si vous êtes pris entre mars, avril et mai, il faut décaler la plus grande partie des semis de pleine terre à la fin du printemps et au début de l’été, quand vous aurez un peu plus de temps libre. Cette stratégie est très profitable car les semis se font dans une terre bien réchauffée. En fin d’hiver, il faut peaufiner les amendements, couvrir et découvrir le sol et préparer un espace pour faire un premier jardin de légumes frais.
Les résultats des semis en pleine terre au printemps en essayant de gagner en précocité apportent souvent quelques déboires en fonction des aléas climatiques. Lorsque le mois de juin arrive, le jardin est trop plein et il est parfois difficile de placer ses cultures par marque de place et aussi de ne pas respecter les rotations des cultures. A la fin du mois de janvier, il est nécessaire de reprendre le plan de son jardin potager et d’établir un nouveau plan pour la nouvelle année de production.
Il est préférable de faire ses semis de printemps au minima… mis à part les échalottes, les aux et les pommes de terre.
Devenir un « jardinier d’intérieur », c’est mieux compter, rationner les quantités en semant chaque graine dans des pots ou des plaques de semis.
Le premier jardin pour le frais
Dans un objectif d’optimisation, commencer par mettre au chaud (véranda, tunnel adossé, serre murale) le compost de feuilles maison qui vous servira de terreau de semis. Pour souci de sécurité sanitaire, ne pas hésiter à acheter du substrat de semis qui est neutre, indemne de graines d’adventices et de champignons parasites.
En janvier-février, semer les premières tomates, aubergines, piments et poivrons pour avoir des plants précoces. Ne prenez pas le risque de semer les « frileuses » que si vous avez suffisamment de T° dans votre abri. Autrement, attendez le mois de mars pour avoir des plantes plus vigoureuses qui n’auront pas d’accouts dans leur croissance, elles seront plus saines et plus productives.
Parallèlement à ces semis classique, semez en plaque alvéolée, dès la fin du mois de janvier puis toutes les quinzaines, quelques graines de roquette, chou mizuna, betterave, navet laitue.
Adaptez le nombres de gaines semées à vos besoins alimentaires. Cette solution permet d’optimiser la germination des semis et gagner plusieurs semaines de travail. (Entretien, démariage, désherbage …) car les jeunes plants prennent vite le dessus.
Pour ces plantations de début de saison, utilisez les parties du jardin les plus exposées au soleil printanier. Il n’est pas indispensable de se soucier des problèmes de rotation ni de ceux de compagnonnage. Vous bouchez les trous, vous remplissez les planches de cultures en faisant attention de ne pas installer un légume qui pourrait faire de l’ombre à un autre. Les récoltes se font ensuite en fonction de ce qui est prêt dans le jardin.
Un deuxième jardin pour les réserves.
Les plantations du premier jardin nous fournissent des légumes frais. La constitution des réserves
est du ressort de second jardin, celui que vous mettez en place à partir du mois de juin.
Vous semez dans un sol qui présente les conditions optimales pour la germination et vous rattrapez le plus souvent le retard pris en faisant comme par avant. Autant, le premier jardin est fait en espace clos, autant le deuxième l’est dans les grandes longueurs ? L’espaces ne manque pas puisque, jusqu’à présent, je n’ai pas fait beaucoup de semis.
Ecartez les paillis et semez des lignes complètes de carottes, betteraves, navets, haricots… bien choisir les variétés afin qu’il soit éventuellement possible de récolter les graines.
Les semis lèvent rapidement, les légumes se développent vite et peuvent être récoltés à partir du mois d’août… ce qui vous laisse le temps de partir en vacances.
La récolte s’effectuera en une ou plusieurs fois, en septembre pour le stockage en cave, en jauge ou au congélateur.
Les espaces libérés sont soit ensemencés d’un engrais vert, soit recouverts de paillis, soit encore remis en culture avec des semis (Mâches, Radis d’automne) ou des repiquages de jeunes plants de choux, de salade d’hiver.
En conclusion, il faut optimiser les plantations du potager en ne cherchant pas les solutions techniques demandant une débauche de moyens : Quelques dizaines d’euros dans un ou deux châssis Nantais et dans des voiles de protection.
Quelques principes et concepts essentiels pour entretenir et préserver les sols. La résilience écologique.
La résilience écologique est la capacité d’un écosystème, d’un habitat, d’une population ou d’une espèce à retrouver un fonctionnement, un développement et un équilibre dynamique normal après une phase d’instabilité engendrée par une perturbation environnementale.
Bien souvent, dans ce contexte de ‘soin intensif’ accordé à l’écosystème, une présence régulière au jardin devient primordiale. Quelques minutes par jour suffisent à identifier les premières taches de mildiou ou une ponte de piéride au revers d’une feuilles de chou. Un diagnostic précoce^permet souvent une réaction mesurée et des dégâts limités.
De la même manière, il faut apporter une attention particulière à la circulation au sein du jardin. Des variations de l’entretien sur les cultures s’observent en fonction de la praticité d’accès aux parcelles. Il faut donc travailler les circulations : les culs-de-sac sont supprimés, les planches de culture de faible largeur peuvent être enjambées et des voliges en bois bien positionnées permettent des passages rapides et fréquents.
Pour autant, s’acharner à maintenir en bonne santé un végétal, dont les exigences culturales ne sont pas respectées, relève du non-sens. Il faut enlever le lot de plants défectueux et remplacer… d’où l’importance de fractionner ses semis afin de pouvoir occuper les surfaces vacantes.
Il faut consacrer beaucoup de temps à sélectionner les végétaux (espèces) pouvant se satisfaire à notre climat voir nos micro-climats.
Suivant votre type de sol, (Argileux, argilo-sableux, limoneux, sableux) il faut accorder de l’importance au suivi d’un arrosage adapté. Au printemps et durant l’été, il est nécessaire d’établir un planning d’arrosage (approximatif) afin d’apporter aux végétaux l’eau nécessaire à leur croissance.
Pour évaluer les besoins en eau :
Nous pouvons nous appuyer sur les chiffres moyens d’évapotranspiration d’un mètre carré cultivé, entre 1 litre /m2/jour et 6 litres /m2jour en fonction des conditions météorologiques.
En considérant ainsi qu’il faut apporter de 5 à 35 litres d’eau / m2 /semaine au potager, fractionné en deux apports pour les terres à caractère filtrant.
La pluviomètre est indispensable pour déduire les quantités tombées durant la semaine de celles à apporter.
Si vous utilisez un petit asperseur pour l’arrosage des planches de vos cultures potagères il faudra programmer les arrosages le matin afin que les feuillages sèchent avant le fort ensoleillement (10 h 00 – 17 h 00). Un tuyau microporeux est préférable pour les serres ou le tunnel, le reste du jardin étant couvert à l’arrosoir.
Conserver la terre humide à quelques centimètres de profondeur, favorise la vie biologique
Fertilisation
Un plan de fertilisation complète cette organisation, le compostage y trouve bien entendu sa place, mais il ne représente qu’une réponse parmi d’autres à la question de la fertilité.
La majorité des déchets du jardin sont utilisés en paillage, à l’exception de quelques végétaux qu’il faut diriger vers le composteur (ceux montés à graine ou malade). Fanes, restes de culture, adventices non grainées ou branches broyées sont disposés à même le sol.
Pour plus d’indépendance à la constitution de vos paillis, vous pouvez semez certains végétaux pour leur biomasse (Bourrache, Capucine, Consoude…). Il est également possible de solliciter le voisinage pour récupérer leurs déchets végétaux… cela représente une formidable ressource mais il faut disposer d’un broyeur de végétaux. Pour compléter vos paillis, il vous faudra trouver des ballots de paille qu’il vous faudra acheter annuellement.
Les engrais verts sont également au cœur de la logique de la fertilisation. Chaque parcelle potagère en est semée au minimum une fois tous les 3 ans. Utiliser, le seigle, la facélie et la vesse en hiver, la sarrasin au printemps en raison de sa croissance rapide. Eviter de semer un engrais vert de la famille des brassicacées si votre potager est régulièrement planté de choux, navets et autres légumes de la même famille botanique.
Quant aux engrais organiques (sang séché et corne broyée), leur usage est réservé aux parcelles recevant un épais paillage carboné et à celles plantées de légumes d’été les plus exigeants (courges, Tomates, Aubergines etc). Sur ces parcelles apporter de 2 à 5 g d’Azote/m2/an en fonction du précédent cultural (soit 23 à 38 g de sang séché, dosé à 13% d’Azote).
Enfin, il faut mettre tout en œuvre pour accueillir le maximum de diversité. Une dizaine de mètres carrés abandonnée à la biodiversité spontanée joue un rôle essentiel dans la résilience du jardin. Carabes dans la haie, coccinelles sous les fagots, troglodyte mignon sous les lierres sont autant de précieux auxiliaires dont il serait dommage de se priver.
S’interdire l’usage de tout produit de traitement, à l’exception de quelques granulés de Ferramol et d’un peu de Bacillius thuringiensis les années de fortes pression des chenilles.