L’apiforesterie ou comment sauver les abeilles ?

CR Conférences

Conférence de Yves Darricau à la SHPA (6 juin 2024)

 

 

Yves Darricau, originaire du Sud-Ouest, est aujourd’hui « planteur d’arbres » et apiculteur dans le Morbihan. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment « Les arbres du futur » et « Planter pour les abeilles ». Il ne partage pas les positions de l’OFB, Office Français de la Biodiversité, qui ne veut planter que des végétaux locaux pour favoriser l’apiculture.

1.   Le constat

Notre œil ne peut que constater une baisse du nombre des fleurs, tant dans les campagnes que dans les villes. Parallèlement, le nombre de jours secs et les températures augmentent. Les conséquences de ces évolutions sur les arbres sont évidentes. Le chêne vert ne peut que gagner du terrain dans les prochaines années, car il est sobre et résistant. Encore faudra-t-il l’aider à se déplacer vers le Nord et, dans le Midi, l’aider à se reproduire en dépit des changements de son environnement. Le châtaignier fait aussi partie des gagnants potentiels en dépit de la menace du chancre. Il en est de même du robinier pseudo-acacia, communément appelé « acacia ». En revanche, le hêtre sera le grand perdant de l’évolution climatique de l’Europe.

Les abeilles subissent aussi les conséquences de ces changements puisque la durée de la période de floraison diminue : de 5 mois, elle est tombée à 4 mois. En conséquence, on constate à la fois une baisse de la production de nectar, donc de miel, et des pollens, qui sont indispensables à l’équilibre alimentaire des abeilles auxquelles ils fournissent les acides aminés inclus dans les protéines. De plus, au plan calendaire, l’alimentation d’automne a tendance à se raréfier du fait de ce manque de fleurs dans nos paysages et les insectes se réveillent de plus en plus tôt en raison de la douceur des températures.
Cette diminution des ressources alimentaires des abeilles met en danger leur nombre et leur diversité. Il faut donc trouver une nouvelle adéquation entre végétaux et climat afin d’avoir des fleurs toute l’année.

2.   Quelle palette végétale constituer ?

Les ligneux à privilégier sont les arbres suivants :

–  Chêne vert, aux chatons riches en pollen. Il en existe deux variétés, avec des feuilles qui ressemblent à celles du houx ou à celles du saule,
–  Saule marsault, en raison de sa floraison dès février, voire dès janvier pour sa variété salix aegyptica. Mention spéciale à salix triandra semperflorens, qui, comme son nom l’indique, fleurit de février à août.
–  Érable à feuille d’obier (acer opalus) ou érable de Naples : bel arbre méditerranéen (H : 10 m), rustique, dont les fleurs précèdent les feuilles, qui deviendront jaune-orange en automne.
–  Tetradium, champion de la production de nectar (400 kg/ ha). On le trouve à Nancy, planté des deux côtés d’une rue et, en août, des nuées d’abeilles occupent le sol de la chaussée et recouvrent les voitures. Les chevreuils et les limaces pèlent les jeunes plants.
–  Lilas des Indes, qui fleurit pendant 100 jours (origine de son nom en coréen),
–  Buddleia de Weyer, un hybride stérile qui produit beaucoup de nectar pendant plusieurs mois,
–  Robinier du Nouveau Mexique : 2 floraisons en mai et juillet
–  Koelreuteria bipiretta ou savonnier élégant, très bel arbre originaire de Chine (H : 7-10m) à planter dans une haie pour sa floraison jaune exubérante en septembre, suivie de l’apparition de capsules pendantes de couleurs cuivrées, puis roses,
–  Châtaignier de Seguin, à rapporter d’Espagne car il est rarissime en France. C’est un petit arbre originaire d’Asie (hauteur : 5-6 m) qui pousse, fleurit, pousse encore, etc.
–  Heptacodion miconoides : petit arbre chinois à floraison en étoiles blanches en septembre. Puis, ses fleurs deviennent rouges. Peu exigeant et pousse vite.
–  Mahonia, pour sa floraison hivernale. Il intéresse aussi le frelon asiatique qui veut grossir avant les frimas.
–  Chimonanthe du Yunnan : floraison hivernale très parfumée sur les rameaux nus,
–  Aster grimpant (ampelaster carolianus), qui fleurit d’octobre à février,
–  Edgeworthia chrysantha, facile à trouver et à bouturer
–  Enfin le lierre, le végétal idéal, qui fleurit à l’automne, fournit du nectar, des pollens qui régalent 92 familles d’insectes et, enfin, des fruits à Noël. Comme il fleurit à son sommet, il faut planter des piquets dans votre jardin pour favoriser sa floraison. Avec lui, les abeilles et les oiseaux seront gras !

Retrouver le diaporama de la conférence d’Yves Darricau sur le site de la Société Nationale d’Horticulture de France – webinaire “Des arbres pour les abeilles – apiforesterie de demain”

https://www.snhf.org/webinaire-des-arbre-pour-les-abeilles/