Henri Dagorn a expliqué, avec de nombreux détails, comment mettre en œuvre les premiers semis avant la plantation dans le potager.
Vous trouverez ci-après l’intégralité du document remis aux adhérents ce jour là :
Multiplication des plantes potagères
en préparation de la culture en pleine terre
En février, l’hiver est bientôt fini. Pour les jardiniers, ce mois est l’occasion de commencer à s’activer dans le potager.
1 – Avant de penser à la multiplication des plantes qui occuperont le potager, il faut « faire le ménage ». C’est le dernier moment pour débroussailler les abords, faire en sorte que tout soit propre pour le retour du printemps.
2 – Passer les commandes des graines et autres fournitures à renouveler : terreau, matériels divers, contenants etc…
3 – Déterminer les quantités de plantes nécessaires pour chaque espèce en fonction de vos consommations potentielles . Rien ne sert de produire trop de plants au détriment de l’espace dont vous disposez pour les semis et les repiquages par la suite.
4 – S’occuper des semis pour la saison printanière et estivale.
Les premiers semis sont donc à faire dès maintenant et jusqu’au début du mois de mars. C’est le cas des tomates, des aubergines, des piments. Ce sont des plantes qui mettent du temps à démarrer, c’est pourquoi il faut vraiment les semer tôt. On sème plutôt dans la maison et dans des caissettes remplies de terreau de semis. Ces graines ont besoin de 20°C pour bien germer.
Durant les premiers jours de la germination, vous pouvez placer les caissettes près d’une chaudière ou dans une véranda en y aménageant une source de chaleur. Dès que les plantules ont pointé il est impératif d’apporter de la lumière et une bonne aération. La phase de germination est importante et aura une incidence sur toute la vie de la plante, c’est pourquoi, maintenir une température ambiante de 20°C est impératif.
Vous pouvez opter pour l’achat d’une « Mini serre chauffante » pour des petites quantités. (Coût environ 40 euros).
Terreaux de semis et de repiquage
Le terreau de semis.
– 1/2 de terre de jardin propre
– 1/4 de sable de rivière, de vermiculite ou de perlite,
– 1/4 de compost mature.
C’est une proposition pour un substrat de semis « maison », ce n’est pas l’idéal compte tenu que l’état sanitaire de ce mélange ne peut pas être exempt de champignons parasites, de petits mollusques etc. Acheter un sac de terreau de semis est préférable, ce substrat doit être drainant et bien aéré sans éléments fertilisants afin que les jeunes plantes émettent un maximum de racines pour constituer un bon chevelu.
Le terreau de repiquage.
– 1/2 de terre de jardin,
– 1/2 de compost bien à maturité et bien tamisé. (rajouter un peu de sable si votre terre est très argileuse).
Ce type de substrat élaboré à partir de ses propres ressources est envisageable même si l’aspect sanitaire est aléatoire. Lors des repiquages les plantes faibles ne seront pas mises en culture afin de constituer des lots homogènes.
Semis sous serre ou sous châssis (froid ou chaud)
Revenons à nos objectifs de multiplication de nos plantes potagères !!!
Pour les tomates et autres plantes sensibles (basilic, poivron, aubergine) nous parlerons de semis sous abri chaud. Pour les légumes moins fragiles et moins exigeants en température nous utiliserons le terme de semis sous serre froide ou sous châssis froid.
Les semis sous châssis peuvent se faire en mars-avril et au-delà de façon à rester hors gel. Cette technique fonctionne pour les plants de laitues, de choux, de poireaux etc.
Un peu plus tard, à compter de 1/2 avril, vous ferez vos semis de courges, melons, concombres, bettes etc.
Exemples de semis à chaud : Les tomates
Voici quelques variétés que vous pouvez cultiver sous tunnel en pleine terre.
Fantago, Reine de Sainte-Marthe, Paola, Pyros, Ananas, Green-Zebra, Black-Cherry et Sungold pour le cerises rouge et jaune-orange.
D’autres variétés plus résistantes au mildiou qui peuvent être conduites sous simple abri tout vent.
Rose de Berne, Noire de Crimée, Cœur de bœuf, Cornue des Andes, Quimper et Roma.
Le piment doux ainsi que les poivrons sont à semer au même moment que les tomates.
Les semis à froid sous abri.
Cette technique très utilisée en horticulture durant le siècle dernier peut être facilement mise en œuvre à condition de respecter quelques règles. Les anciens posaient des châssis mobiles sur des couches chaudes. Ils retiraient la terre sur une épaisseur de 40 cm minimum et déposaient du fumier non décomposé au fond de la planche sur une épaisseur de 30 cm. Le fumier légèrement tassé et bien arrosé était recouvert de terre plutôt sableuse afin de remettre le sol à niveau. Cette opération se faisait en Janvier et le travail de mise en place des châssis mobiles se faisait dans la foulée afin de profiter de la température provenant de la décomposition du fumier au fond de la couche.
Bien évidemment le lieu d’implantation des châssis avait son importance. C’était l’endroit le mieux exposé dans le potager. Au sud d’un mur qui protégeait du froid et sans obstacle à la lumière du matin. Généralement, à l’ouest du potage,r un mur de protection des vents dominants diminuait les variations de température et permettait d’ouvrir les châssis même durant les journées ventées.
Fabriquer un coffre de semis à moindre frais.
Même si vous n’êtes pas en mesure de faire une couche chaude sous votre châssis de multiplication, vous pouvez fabriquer un coffre de semis à moindre frais.
Voici les fournitures qu’il faudra acheter .
– les matériaux et matériels nécessaires pour le coffrage.
– 1 planche de 2 m x 0,40 m d’une épaisseur de 35 mm
– 1 planche de 2 m x 0,30 m d’une épaisseur de 35 mm
– 2 planches de pignon de forme trapézoïdale dans les dimensions suivantes 1,13 m x (0,30 – 0,40) d’une épaisseur de 35 mm
– 4 segments de tasseau de 50 x50 mm
– 3 barres de fer à béton de 1,40 m diamètre 8 mm
– 6 pitons bois à visser diamètre 10 mm.
– les matériaux pour la couverture.
– 1 segment de grillage à poule de 1,20 x 2,00 m
– 2 liteaux de 50 x 20 mm de 2 mètres de long
– 3 liteaux de 50 x 20 mm de 1,17 m de long
– 4 plaques d’assemblage perforée 100 x 40 x 2,0 mm
– 4 équerres plate perforée 100 x 100 x 2,0 mm
– Quelques vis charpente fraisées Tori 4,5 x 60
– Quelques vis bois inox fraisées 3,5 x 20
– 1 bâche plastique translucide 1,30 m x 2, 10 en comptant les recouvrements en bordure,
– Disposer d’une bonne agrafeuse et d’agrafes moyennes (galva ou inox) pour la fixation de la bâche et du grillage.
Conseils et cultures à semer
Voyons maintenant les cultures à semer sous abri froid.
Les plantes à semer sous châssis froid sont diverses et peuvent être démarrées soit en pleine terre soit dans des contenants adaptés au système racinaire des plantes.
Les laitues peuvent être semées dans des plaques alvéolées ce qui permettra un repiquage direct en planche de culture. Ce procédé donne de la visibilité par rapport à la quantité de graines semées. Cette méthode donne plus de liberté dans les plannings en espaçant les semis afin de mieux étager les récoltes.
Les carottes ne sont jamais semées en pépinière ou en godet, leur système racinaire n’accepte pas le repiquage (racine pivotante). Par contre les poireaux se prêtent bien au semis en ligne sous châssis froid. Les choux et autres crucifères peuvent être semés en petits godets ou en plaques alvéolées ayant un bon volume de terreau (30x30x40 mm).
Il ne faut pas être trop pressé pour faire les semis. La température de substrat ou du sol est déterminante pour une bonne germination. Par exemple, les carottes demandent une température de 14 °c pour bien germer. En dessous de 14°C elles mettront 8 à 10 jours de plus à lever. Installer un thermomètre sous le sol du châssis en l’enterrant légèrement permet d’avoir une idée de la température. Toutefois, le réchauffement du sol est plus rapide sous abri qu’en plein vent. Lors des nuits très fraîches d’avril, vous devrez couvrir votre châssis d’une toile de type p30 pour diminuer les déperditions de chaleur.
Liste des plantes à semer sous châssis :
Basilic grand vert ( assez sensible à l’humidité)……. plaque ou godet
Betterave rouge ………………………………………………… plaque
Céleri……………………………………………………………….. plaque ou godet
Ciboulette…………………………………………………………. plaque ou godet
Laitue pommée 4 saisons ………………………………….. plaque ou godet
Laitue Reine de mai …………………………………………. plaque ou godet
Oignon rouge……………………………………………………. plaque
Persil grand et simple ……………………………………….. plaque
Poireau pleine terre ………………………………………….. (pépinière)
Fève ……………………………. …………………………………. godet
Petit pois ………. ……………………………………………….. godet
Mange-tout ……………… …………………………………….. godet
Épinard …………………………………………………………… plaque ou godet
Cresson …………………… ……………………………………… plaque
Chou brocoli …………………………………………………….. plaque
Chou de Bruxelles …………………………………………….. pleine terre ou godet
Bette ou Blette …………………………………………………. plaque
Chou pomme et chou de Milan ………………………….. plaque
Avant de faire vos semis en pleine terre en planche, vous devez vérifier que la germination des pommes de terre est commencée. Celles-ci ne seront plantées qu’à la mi-avril mais il est important de favoriser la germination en les mettant en clayette dans un endroit bien aéré, lumineux et à l’abri du gel.
Liste de plantes à semer directement en pleine terre en planche.
Ces semis ne sont envisageables que si la terre est suffisamment ressuyée et chaude. L’exposition de votre potager ainsi que le type de sol déterminent la date des travaux.
Carotte : en ligne en laissant 30 minimum entre les rangs.
Fève : en ligne en laissant 40 cm minimum entre les rangs et 10 à 15 cm sur la ligne.
Échalote : en ligne et en quinconce en faisant 4 rangs sur une planche de 1,20 m de large.
Radis : à la volée, pensez à espacer les semis de manière à consommer des radis tendres.
Roquette : en ligne dans un espace réservé aux aromatiques.
Navet : en ligne en laissant 30 cm minimum entre les rangs pour faciliter les sarclages.
Vous pouvez semer en poquet si vous préférez les petits navets pour vos recettes ;
Dans le cas d’une récolte à pleine maturité laissez 15 cm d’espace sur le rang en procédant à un démariage.
Panais : en ligne avec une densité ++ sur rang et implanter 3 rangs sur une planche de 1,20m.
Le panais est assez capricieux au niveau de la germination qui avoisine les 25 jours. Des trempages répétés des graines avant les semis améliorent l’homogénéité de la levée.
Haricot : le semis peut se faire en ligne avec 3 rangs sur une planche de 1,20 m, mais si vous souhaitez avoir quelques plants plus hâtifs, il est possible de gagner du temps en semant en godet au chaud.
Les semis à envisager à partir de la mi-avril à chaud ou sous châssis froid.
Aubergine : A semer en caissette qui sera suivi d’un repiquage en petit godet.
Concombre, Courge musquée de Provence, Butternut, Potiron, Potimarron, Courgette verte et jaune, Courgette ronde de Nice, Pâtisson, Courge de Siam :
Pour l’ensemble des cucurbitacées citées dans cette liste les semis se feront dans des godets. Au moment des semis, il sera nécessaire de bien identifier les pots afin de ne pas mélanger les espèces au moment des plantations.
Melon « petit gris de Rennes » et Diego :
semis en godet, pour avoir une réussite pratiquement à cent pour cent il est recommandé de faire une pré-germination à chaud sur du sable humide.
Croisements entre cucurbitacées et comment aider les graines à germer
Infos concernant les croisements possibles entre les différentes cucurbitacées.
Pour ceux qui récoltent les graines d’une année sur l’autre, la question des croisements entre les plantes de la même espèce est un souci. Il faut savoir que les croisements ne se font qu’entre les plantes de la même espèce. Le tableau suivant vous donne les indications de base pour éviter la dégénérescence variétale.
Cucurbita ficifolia : Courge de Siam.
Cucurbita maxima : Potimarron et Potiron.
Cucurbita moschata : Courge musquée, Butternut, Courge de Provence ou Longue de Nice.
Cucurbita pepo : Courgette, Pâtisson, Citrouille, Courge spaghetti.
Cucumis melo : Melon.
Cucumis sativus :Concombre et Cornichon
Nb : Hormis les croisements occasionnels entre les plantes de la même espèce, exemple entre le Potimarron et le Potiron ou entre Courgette et Pâtisson ou encore entre Concombre et Cornichon vous ne risquez pas d’hybridation. Savoir toutefois que suivant l’origine génétique des variétés identifiées les croisements entre « maxima et moschata » peuvent se faire. Entre « maxima et pepo » c’est également possible.
Quelles sont les graines qui ont besoin d’être aidées pour bien germer ?
Tout d’abord, plusieurs facteurs ont une incidence sur les graines et favorisent plus ou moins la qualité de la germination.
1 – L’origine des graines et les conditions de conservation. Actuellement, dans le monde les obtenteurs de nouvelles variétés de plantes florales et potagères se comptent sur les doigts d’une main. Les résultats de leurs nouvelles variétés ou obtentions sont protégés et les multiplicateurs travaillent sous contrat dans une zone climatique qui correspond à la clientèle locale. Cela ne donne pas forcément une bonne lisibilité sur le capital génétique de chaque espèce. De plus, la plupart des nouvelles variétés sont issues de croisements spécifiques et les graines commercialisées sont de première génération F1. Les descendants (2ème génération ) donneront des plants porteurs des caractères génétiques des deux parents et seront donc très hétérogènes. Il n’y a donc aucun intérêt à garder des graines issues de F1. Pour être à peu près certains sur la stabilité variétale des graines, il est préférable d’opter pour des fournisseurs de variétés pures chez des multiplicateurs « bio » tels que Kokopelli, Ferme de Sainte Marthe et éventuellement dans les circuits courts que vous pouvez avoir auprès de maraîchers bio locaux.
A partir des variétés « fixées » que vous produirez chez vous, vous pourrez récolter les graines sur des plants réservés en fin de culture. Mais vous devrez veiller à ne pas produire des plantes du même genre et de la même espèce sur vos parcelles.
2 – Certaines graines comme celles des carottes ont besoin d’un passage au froid pour qu’elles soient réceptives aux conditions favorisant la germination. Normalement, les graines que vous achetez dans le commerce ont été préparées avant ensachage.
3 – Deux autres facteurs sont à connaître pour que la germination soit optimale : L’hydratation et la température.
Certaines graines doivent subir un trempage avant les semis. Il faut aussi tenir compte de l’âge des graines. Certaines graines perdent leur capacité germinative au bout d’un an, d’autres ont encore cette capacité après plusieurs dizaines d’années. Toutefois, les graines qui prennent de l’âge, même si théoriquement elles ont une longue conservation, n’auront plus beaucoup d’énergie germinative.
(pourcentage des graines qui germent dans un lot défini et durant un temps correspondant au standard).
Durant la germination, le substrat doit être suffisamment humide pour maintenir un développement normal des plantules. Parfois un coup de soleil sur un semis de graines pas bien enterrées peut provoquer la disparition de la jeune plante.
La température détermine le déclenchement de la germination, c’est pour cette raison qu’il est préférable de semer sous abri et de disposer une voile d’ombrage durant la période de germination.
L’éclairage n’est nécessaire qu’à partir de moment où la plantule pointe ses feuilles cotylédonaires.
C’est un point important pour éviter que la pousse ne s’étiole. De même, il faudra veiller à bien aérer le semis afin de donner de la vigueur aux plants. La maîtrise des facteurs climatiques est primordial pour que vos plants soient vigoureux avec une croissance sans perturbation. C’est très important de bien surveiller le début des cultures parce que chaque incident climatique aura une répercussion durant toute la vie de la plante.
Quelles sont les graines à faire tremper avant semis ?
En général, les grosses graines ridées (Haricot, Pois) et les graines « capricieuses ».
Je classe les plantes suivantes dans cette catégorie : Aubergines, Carottes, certaines Courges, Persil, Panais. Des trempages successifs par immersion courte suffisent pour que les graines s’hydratent. Renouveler l’opération deux à trois fois sur 48 à 72 heures et laisser les graines sécher à l’extérieur avant le semis.